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Sin nombre

Prix du Jury à Deauville, prix de la meilleure réalisation et prix de la direction artistique au Festival de Sundance, Sin nombre nous fait néanmoins nous demander, à chaque seconde et à chaque instant, comment il a pu rafler autant de prix et de telles distinctions. Académique, sans réelle volonté de transcender, de s’affranchir d’un discours et de codes ordinaires à en pleurer, le film, abruti de musique malhabile, se regarde constamment l’œil navré et l’enthousiasme en berne. Ce road movie hésitant à l’intérêt relatif, ce récit amorphe de fuites en avant (fuir la pauvreté et les gangs, fuir vers une possible renaissance), avaient de quoi bouleverser et solliciter humainement le spectateur ; pourtant, le film cultive sur sa longueur un sentiment d’échec tenace, un regret, une absence d’émotion empêchant de se passionner pour ces femmes et ces hommes meurtris, parias et émigrés clandestins fragilisés par une existence cruelle qui, presque toujours, ne fait aucun cadeau, aucun compromis.

L’intrigue déroule ses grosses ficelles linéaires avec indigence, servie par une mise en scène plus ou moins inspirée contrecarrant, à tous points de vue, l’élan et surtout l’empathie. Le constat social de candidats pour une terre d’asile, du moins pour une Amérique "rêvée" révélant finalement un visage tristement capitalisé (autoroutes et Burger King), et la description des gangs, l’immersion dans leurs pratiques, leurs usages et leurs traditions, auraient pu offrir un témoignage poignant et saisissant sur ces pays sud-américains en proie à la barbarie et la précarité, mais le film ne laisse qu’un vide sans vertige, se traîne un mauvais goût de consensuel, de bateau (le comble pour une œuvre se déroulant à moitié sur le toit d’un train) qui aimerait, sans jamais y parvenir, passer pour de l’audace et du talent.

Sin nombre
Tag(s) : #Films

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