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Dangereusement vôtre

Dernier James Bond pour Roger Moore, Dangereusement vôtre (A view to a kill, titre plus éloquent) a un charme suranné, un côté farces et attrapes délibéré, tour de manège brinquebalant ne se prenant jamais au sérieux (voir la poursuite en voiture à Paris, très "vieille France", ou celle à ski sur une reprise du California girls des Beach boys). Bien loin des épisodes élégants et sombres de la période Sean Connery (et avant ceux de Timothy Dalton), Dangereusement vôtre offre un ultime tour de piste clownesque à un Roger Moore manifestement sur le déclin, mais facétieux en diable et l’œil toujours brillant.

Si le scénario s’étire et tergiverse inutilement vers quelques intrigues paresseuses, il importe finalement peu face à la décontraction générale et aux scènes d’action relativement correctes ; surtout, le duel à mort à coups de hache au sommet du Golden Gate Bridge figure parmi le final le plus époustouflant de la franchise (avec celui d’Octopussy et de Permis de tuer). Pas le plus spectaculaire en termes d’efficacité, mais le plus impressionnant visuellement. Quant à Christopher Walken et Grace Jones, ils incarnent sans doute les ennemis de 007 les plus charismatiques de la saga avec Curd Jürgens et Richard Kiel (L’espion qui m’aimait), Robert Davi et Benicio Del Toro (Permis de tuer) et Klaus Maria Brandauer et Barbara Carrera dans Jamais plus jamais malgré la non-officialisation de cet opus au sein de la légende bondienne.

Comme Kiel dans Moonraker, le personnage de Jones (féline et sculpturale) est malheureusement sacrifié lors d’un dérapage scénaristique qui la voit changer de camp dans les toutes dernières minutes du film. Walken lui, en sociopathe déjanté et peroxydé, s’amuse comme un fou à parfaire un rôle au lourd passé interprétatif (de Christopher Lee à Michael Lonsdale en passant par Donald Pleasence), faisant de Max Zorin un mégalomane absolument génial, sadique et inquiétant, très souvent cité comme l’un des meilleurs méchants de la série.

En n’oubliant pas la chanson culte du générique de Duran Duran (la plus éblouissante avec Nobody does it better de Carly Simon et Licence to kill de Gladys Knight), mais en négligeant le jeu calamiteux de Tanya Roberts et les approximations narratives, Dangereusement vôtre, sans être un équilibre d’audace et de perfection, demeure un James Bond distrayant et sympathique (bien mieux que le dernier Connery officiel, Les diamants sont éternels, ou les deux premiers Moore), bizarrement conspué par une large partie des fans alors qu’il s’amuse simplement à revisiter le mythe de façon fantaisiste et décomplexée.


James Bond sur SEUIL CRITIQUE(S) : Permis de tuerCasino RoyaleQuantum of solaceSkyfall, Spectre, Mourir peut attendre.

Dangereusement vôtre
Tag(s) : #Films

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