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Le géant de fer

Ô mon robot 4/7 - 1999


C’est l’histoire d’Hogarth, minot espiègle fan de films de monstres, d’aventures incroyables et de super-héros aux supers pouvoirs super fantastiques, et découvrant une nuit, dans la grande forêt près de chez lui, un robot géant un peu perdu, un peu toqué et un peu trop gourmand (de tôle ondulée et de pylônes électriques). C’est une belle histoire d’amitié, improbable mais profonde, entre un enfant à l’imagination débordante et un immense tas de ferraille pas très causant. C’est aussi un rêve de gosse qui s’anime tout à coup sous nos yeux de petit garçon d’il y a longtemps, rêve dingue et merveilleux que l’on pourrait s’imaginer encore aujourd’hui, pourquoi pas, celui d’avoir SON robot à soi et rien qu’à soi comme compagnon de jeu(x), un peu comme Actarus et Goldorak, John Connor et le Terminator, Télémaque et Nono ou Sam Witwicky et Bumbledee.

Pas d’extraterrestre qui veut "téléphoner maison", pas de maximonstres mélancoliques ou de peluche tigrée qui disserte et qui tient tête (Calvin et Hobbes), non, mais un véritable robot avec rayon laser et aéro-propulseurs, qui sait faire des grimaces et même la bombe en sautant dans l’eau d’un étang (dégâts collatéraux assurés). Brad Bird, qui confirmera plus tard son talent d’auteur et de metteur en scène avec Les indestructibles et Ratatouille (puis en live avec Mission : Impossible 4) a, dans une ambiance délicieusement rétro évoquant Norman Rockwell ou Currier et Ives, donné vie à une chronique pleine d’humour, de facétie et de bonne humeur. Quant à monsieur le robot de vingt mètres de haut qui se prend pour Superman, sa dégaine mélange allègrement le Hector de Saturn 3 (l’ancêtre du Terminator, c’est lui !), un Transformer pas fini et même un peu de Goldorak et du tripod de La guerre des mondes quand il voit rouge à la fin.

Ni trop mièvre ni trop réfléchi, Le géant de fer associe à merveille le conte d’apprentissage (pour les petits) à un spectacle élégant et intelligent (pour les plus grands). Le message sur la tolérance et l’acceptation de l’autre coule de source, léger et humble simplement, évident sans jamais être asséné. Dans la douce beauté des paysages d’un Maine automnal puis hivernal, la relation d’Hogarth et du robot (devenu cette figure de l’étranger qui fait peur parce que différent) va peu à peu évoluer, se transformer en véritables sentiments d’affection et de tendresse. L’ombre d’E.T. n’est d’ailleurs jamais loin, là, juste à côté, d’une mère célibataire à une forêt inquiétante, de cet autre qu’il faut cacher à des adieux déchirants.

Bird n’oublie pas non plus de proposer, en arrière-plan de son récit, une amusante satire sur la paranoïa des États-Unis qui, déjà dans les années 50 (en pleine Guerre froide et épouvantables menaces atomiques), titillait un peu trop la fibre et les agissements patriotiques des agents du gouvernement d’Eisenhower. C’est, aujourd’hui, le terrorisme international qui a pris le relais. On pourrait ainsi imaginer, cinquante ans plus tard, la même histoire remise au goût du jour : en octobre 2001, un gamin féru de films catastrophes sauve et recueille, près d’un aéroport, un taliban modéré avec qui il sympathise (il y aurait par exemple Robert Zemeckis à la réalisation et Saïd Taghmaoui comme acteur principal).

Le rythme soutenu, la maturité du propos, l’animation fluide et virevoltante, le dynamisme dans le trait et les mille et une couleurs, font du Géant de fer un pur enchantement visuel et malicieux, une espèce de parenthèse magique où l’on retrouverait soudain une petite, une infime part d’innocence. Le film est à voir prioritairement en version originale pour savourer au mieux les voix de Jennifer Aniston, d’Harry Connick Jr et celle, pas vraiment reconnaissable, de Vin Diesel pour les borborygmes et autres grognements métalliques du géant de fer. C’est sans controverse possible (aucune objection ne sera tolérée, merci) le meilleur dessin animé du monde et de tous les temps et de la galaxie et de l’infini entier, et jusqu’à très très loin dans les étoiles...


Brad Bird sur SEUIL CRITIQUE(S) : RatatouilleMission : Impossible - Protocole fantôme.

Le géant de fer
Tag(s) : #Cycles, #Animation

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