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Nid de guêpes

Horizons du cinéma français 5/7 - Polar d’action
 

Huis clos survolté ou cauchemar claustrophobe ? Hommage carpenterien ou western urbain ? Finalement un peu de chaque, en tout cas action minimale pour un maximum d’effets, Florent Emilio Siri faisant de son film une sorte d’épure ultra-nerveuse. Peu de dialogues, pas de psychologie, pas de héros identifiable, sensations brutales, directes et essentielles. Nid de guêpes joue sur une exposition claire et précise (unité de lieu et de temps, progression irrémédiable de la tension et du suspens) ne souffrant d’aucun embarras, d’aucun superflu ; un entrepôt, des cibles à abattre, des adversaires invisibles, omniprésents et féroces, pas d’issues possibles et s’en sortir à tout prix. Voilà pour le scénario, cursif et minutieux, autorisant ainsi un net recentrage sur la mise en scène, sur ses enjeux rythmiques et visuels. La solitude du gardien de nuit, le braquage, le mafieux albanais, ces quelques artifices narratifs participent à la logique d’abstraction du film, son intérêt majeur se situant dans sa réelle maîtrise (et écriture) du découpage, du montage, et dans sa chorégraphie évolutive du désordre.

Les innombrables ennemis à l’extérieur, métamorphosés en guerriers insectoïdes, permettent d’entretenir une très forte identité du hors-champ, et par là même un sentiment d’attente et de peur imperceptible. Et quand celles-ci parviennent à leur point d’implosion, qu’il n’y a plus rien à envisager en termes de situation, de scénario et de mise en place, c’est alors un déluge de bruit et de fureur qui s’impose à tout l’espace, à toute la durée restante du film. Transposition littérale du chaos tenue jusqu’au bout, hors d’haleine, black-out final sur une œuvre de genre au classicisme affirmé, pensé, cadré exactement, descente aux enfers théorique et carabinée qui réconcilie avec le film de genre français, souvent malmené par trop de conventions et de ridicule.


Florent Emilio Siri sur SEUIL CRITIQUE(S) : Cloclo.

Nid de guêpes
Tag(s) : #Cycles

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